Mika Ninagawa : Un monde saturé.

Fille du célèbre metteur en scène de théâtre Yukio Ninagawa, Mika Ninagawa est née en 1972 et a débuté sa carrière au milieu des années 1990 en tant que « photographe girly » à Tokyo, une appellation employée au Japon pour qualifier toute une génération de jeunes femmes photographes qui se sont employées à documenter leur propre vie et l’évolution générationnelle de leur environnement. Mais rapidement, elle s’est employée à sortir de ce carcan, pour développer son propre langage visuel.

L’univers de Mika Ninagawa inclue des sujets aussi variés que la mode, les fleurs, les poissons rouges, les voyages et les portraits de stars de la culture pop japonaise. Son fil rouge? Le maniement de couleurs intenses et exubérantes, comme le bleu de cobalt, le rose et le rouge sang, qu'elle maîtrise parfaitement dans les motifs et les arrière-plans, le plongeon dans des univers psychédéliques et féériques, entre mangas et Disney, entre culture pop japonaise et occidentale. Cela a fait d’elle un véritable phénomène et l’une des artistes les plus renommées de sa génération. Très productive, elle a publié plus de 40 livres photo et produit deux films, des clips de J-Pop, des publicités et des couvertures de CD.

Côté mode, l’on peut citer notamment ses collaborations avec Celine ou Mastermind Japan. En 2006, elle réalise son premier film « Sakuran », bourré de scènes tableaux, qui retrace la vie d’une courtisane qui est devenue légende - Higurashi – dans le quartier des plaisirs et du divertissement de la capitale Edo, l'ancienne Tokyo. Son deuxième film, « Helter Skelter » , est un succès retentissant. C’est une forme d’auto critique, puisqu’il met en abîme les dessous factices du milieu de la mode selon elle ; c’est le film le plus recherché sur le web en 2013. Sa photographie a quant à elle été primée maintes fois, elle a notamment reçu le « Kimura Ihei Photography Award », la récompense la plus prestigieuse au Japon. Son exposition personnelle « Mika Ninagawa: Fleurs terrestres, couleurs célestes » a enregistré le taux de participation le plus élevé de l'histoire de l'exposition photographique au Japon. Elle a aussi mis en scène l'actrice Chiaki Kuriyama - connue pour son rôle de « Gogo Yubari » dans le film « Kill Bill: Vol. I » ou pour celui dans « Battle Royale » - en tant que jeune femme douce et souriante, un nœud rouge dans les cheveux, un faon dans les bras ou sur un tapis de nains de jardin, une robe verte satinée, sur un fond vert profond représentant une forêt, entourée de papillons rouges. On y sent l’inspiration Disney. La série « Liquid Dreams », entreprend de représenter les poissons rouges dans un univers bariolé, de manière aussi tendre et gracieuse que grotesque.

Si à première vue son travail pourrait la ranger, avec Takashi Murakami, dans la catégorie des « néo pop » japonais, il s’en défend car il n’y a pas de sous titres, il est d’interprétation plus directe. Aussi, le développement de produits « pop », suivant un discours aux frontières entre l’art et la pop culture, à l’imagerie ensuite déclinée sur le marché de l’art à proprement parler (comme le fait Murakami) est totalement hors du champ de son processus. Seul écart peut-être, Mika a publié une application pour smartphones appelée « cameran », grâce à laquelle l’on peut modifier des images avec le style de photographie distinctif de Mika Ninagawa. Elle n’est malheureusement pas disponible en France.

« J'utilise des éléments de la culture pop, mais c'est de l'art, pas de la pop! », dit-elle.

Pour aller plus loin, ‘MIKA NINAGAWA’, son livre de photographie éponyme, a été publié à l’étranger pour la première fois en coopération avec Rizzoli N.Y. en 2010. Vous pouvez aussi jeter un œil à un excellent Tracks d’Arte, qui lui est dédié.