ISSEY MIYAKE : Architecte du mouvement affranchi.
ISSEY MIYAKE : Architecte du mouvement affranchi.
Né le 22 avril 1938 à Hiroshima au Japon, Issey Miyake est un designer à part, inclassable. Sa vie n’a pas débuté comme un conte de fées, mais il n’a eu de cesse de poursuivre ses rêves avec succès. Il ne se répand pas vraiment sur l’évènement tragique qu’il a vécu dans sa ville natale et que tout le monde connaît, mais un monde s’est écroulé autour de lui et l’horreur l’a envahi. Il n’a jamais voulu être étiqueté comme le créateur qui a survécu à la bombe atomique et n’en a parlé que très peu. Quatre ans après la bombe, sa mère succombe, des suites de ses très graves brûlures. Quant à lui, il souffre d'une maladie osseuse grave et flirte avec la mort pendant un bon moment. Mais, à dix ans, c’est déjà un enfant combatif et guidé par une furieuse envie de vivre et il n’en gardera comme stigmate « qu’un » boitement à vie et une inlassable et inclassable énergie, guidée par une philosophie positiviste.
Ses premiers pas dans la mode, il les fait à l'université Tama où il étudie l’art graphique, aux côtés d’un autre génie qui deviendra rapidement son ami d’une vie: Kenzo Takada. Sa toute première collection sera présentée en 1963, à la Chambre du commerce et de l’industrie de Tokyo. Il l’intitule « A Poem of Cloth and Stone », révélant déjà sa passion pour l’imagerie et son asservissement total à la matière. Issey Miyake décide rapidement de prendre le large pour la France et va se diplômer de l'école de la Chambre syndicale de la couture parisienne. Il est alors embauché comme assistant chez Guy Laroche puis chez Hubert de Givenchy. Il entre alors dans un cercle restreint, imprégné par la vision technique et bourgeoise de la Haute Couture, dictée tout au long des années 60 par Balenciaga et Yves Saint Laurent, les maîtres à penser de la décennie. Lui, semble d’avantage attiré par l’art moderne que par cette philosophie de la mode de son temps et passe beaucoup de temps dans les musées, à dévorer les sculptures et les peintures d’artistes comme Brancusi et Giacometti. C’est cette avidité pour les arts plastiques modernes et le design minimaliste qui va le conduire sur les rivages new-yorkais en 1968, où il va affiler son point de vue, s’abreuvant de néo dada et de pop art, qui se jouent de la frontière entre l'art et la vie, l’interrogent en tordant et surexposant les objets de la vie quotidienne. Sensible à cette approche, il s’est d’ailleurs toujours défendu d’être un artiste, un styliste ou un couturier tout au long de sa longue carrière. Il trouve cela « égoïste » et que le « terme de créateur ne devrait appartenir qu’à Dieu ». Issey Miyake s'est toujours présenté comme un designer de produits de mode, un artisan du vêtement. Il a toujours prétendu par la suite ne pas vouloir suivre le courant dans la mode, afin d’avoir une plus grande longévité et avoir toujours voulu produire « des vêtements qui deviennent des outils de créativité pour ceux qui les portent ». Son destin le conduira d’ailleurs à devenir un as de la communication et à collaborer avec de « vrais » artistes, auxquels il voue une grande admiration, pour des créations parfois expérimentales, à l’instar de Christo, Ingo Maurer, Ettore Sottsass ou son compatriote Nobuyoshi Araki. Il rend aussi un très bel hommage au travail de certains artistes, en insérant leurs œuvres au sein même de ses vêtements. On peut citer le graphiste japonais Ikko Tanaka, dont Miyake chercha à aborder l’œuvre sous un autre angle, une fois que le vêtement prend vie en étant porté. On pouvait d’ailleurs admirer nombre de ces créations au Musée des Arts Décoratifs à Paris, lors de l’exposition « Japon-Japonismes» l’an dernier. On peut aussi citer le travail notable effectué avec Yasumasa Morimura. Mais revenons aux années new-yorkaises. En 1970, après une furtive collaboration avec Geoffrey Beene, styliste américain de prêt-à-porter qui habille le gratin à l’époque, il décide enfin de se lancer et fonde le « MIYAKE DESIGN STUDIO », afin de distiller un peu de sa philosophie cosmopolite et collaborative. C’est un bâtiment bétonné dans la partie Ouest de Tokyo, épuré de la tête aux pieds, jusque dans les moindres rangements parfaitement et fonctionnellement pensés en son sein. Tout le monde y travaille de concert, du secteur design (qu’il ne veut appeler « création »), à l’atelier qui gère la production et au secteur « gestion », qui prend en charge tous les aspects de la communication ou de la commercialisation. Les équipes y sont jeunes et bouillonnantes, en harmonie avec Ie maestro.
Issey Miyake (gauche) avec Kenzo Takada (droite), créateur de la maison KENZO. |
C’est en 1971 à New York que la première collection signée Issey Miyake est présentée. Diana Vreeland, alors rédactrice en chef de Vogue, craque devant ces conceptions, comme une ode à la liberté de mouvement, qui raisonne jusqu’au sein même du vêtement.
Il confessera un jour : « Toutes mes recherches ont toujours été centrées sur le mouvement et la liberté permise par le vêtement. La personne qui le porte lui confère sa dimension finale. »
Acclamé, son premier défilé à Paris se tiendra en 1973. La mode prend un nouveau tournant rapidement et ne souffre pas des stigmates de la décennie précédente, mais bien au contraire, elle développe une vision de la beauté intrinsèquement ancrée dans la réalité, plus terre à terre, guidée en partie par deux japonais, fraîchement installés à Paris. C’est de la diversité de leur point de vue oriental et de leur jeunesse que Kenzo Takada et Issey Miyake qu’il tirent leur épingle du jeu et captivent la presse, gravissent les échelons et deviennent en quelques années des incontrournables références. D’ailleurs, ELLE magazine dédiera à Issey sa Une dès sa première collection. Ils redéfinissent tous deux audacieusement le prêt-à-porter et, grâce à une innovation toujours centrale, prouvent que cette approche de la création n’a rien à envier à l’insuffisance de la haute couture. On peut citer dans leurs contemporains certains créateurs ayant la même vision, à l’instar de Sonia Rykiel, Jean-Charles de Castelbajac, Giorgio Armani, Thierry Mugler, Gianni Versace, Claude Montana, Rosita et Ottvaio Missoni. Ce glissement de la Haute Couture vers le prêt-à-porter est clair chez Issey Myiake. Des combinaisons amples, de la fluidité, de multiples éléments savamment construits et composés, mais surtout une véritable adaptabilité à la vie, la vraie, deviennent vite les symboles de la « silhouette Miyake».
Issey Miyake a toujours développé un travail au croisement de la tradition japonaise et du monde occidental, sans jamais l’afficher clairement. Au début des années 1970, le rouge éclabousse nombre de ses collections, car pour lui et dans la tradition de l’archipel, il symbolise la passion, l’idée d’une certaine force et de pureté, l’enthousiasme, dont il et plein avec sa philosophie positiviste. Aussi, il réinterprète et magnifie la broderie sashiko traditionnelle, conçue par les paysans japonais durant l'ère Edo afin de renforcer et rapiécer le coton de leurs habits, comme un hommage. Si l’on considère aussi une partie majeure de son travail, sur l’idée d’emballer tout le corps d’un morceau de tissu unique, l’on pense forcément au kimono et à sa terre natale; encore d’avantage si l’on pense à l’asymétrie, la fluidité, les plissés ou les superpositions, qui sont les maîtres mots dans ses designs.
Miyake parle souvent de « l’importance de l’espace entre le corps et l’habit », ce for intérieur façonnable qui porte un nom au Japon. C’est le “ma” et c’est sans aucun doute Issey Miyake le plus incontestable de ses apôtres et de ses architectes.
Issey Miyake cherche sans cesse à donner une nouvelle dynamique à l’enveloppe corporelle, à varier les plaisirs, à mi-chemin entre l’Orient et l’Occident, à demeurer pragmatique et fonctionnel. C’est aussi en cela que son approche d’architecte et de designer brille, d’ailleurs. Il dit ne jamais penser ses réalisations sur les physiques hors normes des mannequins, ce qui leur veut probablement d’aller à tout le monde. Ses recherches en en matière de textiles collent à la réalité du monde dans lequel il évolue; il joue avec les évolutions des tissus, leurs stades de construction et d’application au vêtement. Il utilise beaucoup de matériaux recyclés. Il joue avec un morceau de tissu unique, puis la bidimensionnalité de sa surface et la tridimensionnalité des volumes qu’il peut créer, pour finalement décupler les mouvements de la personne qui s’approprie le vêtement. L’approche est sculpturale, architecturale, presque mathématique. Il tente de rester accessible aussi, ou pour le moins de démocratiser son travail par-delà les frontières même de la mode. S’il peut compter parmi ses amis des mannequins comme Grace Jones ou son confrère Kenzo Takada, il est aussi très proche d’autres milieux et n’hésite pas à les mettre en scène ou à entamer des collaborations, à cette époque un peu avant-gardistes. Bien sûr, il est très proche des artistes - comme nous l’avons vu plus tôt - et n’hésite pas à les rendre partie intégrante de ses designs. Mais il a aussi tant de recul face à son propre travail et d’admiration pour certains photographes, qu’il est capable de leur laisser carte blanche. L’on pense au photographe Irving Penn, auquel il vouait une confiance telle pour mettre en scène ses vêtements et leur mouvement, qu’il le laissait travailler en paix et seul, pour développer ses images de campagnes publicitaires. Miyake, d’ailleurs, veut aussi atteindre les salles de musées et ne pas se limiter aux podiums. Certains de ses designs les plus sculpturaux furent exposés au Stedeljik Museum d’Amsterdam. Il va aussi organiser une exposition itinérante – « Issey Miyake Making Things » - montrant les processus de développement de la ligne A-POC (« A Piece of Cloth »), ou comment développer un vêtement à partir d’un simple rouleau de tissu, qui aura un franc succès aux quatre coins du monde (Fondation Cartier à Paris, Ace Gallery à New York et le Museum of Contemporary Art de Tokyo). Artforum, fameux magazine d’art contemporain, lui rend même hommage en couverture et en fait une figure de proue du modernisme, en exposant un bustier en rotin et bambou conçu par Miyake.
ISSEY MIYAKE par Irving Penn
Mais au-delà de son rapport amoureux avec le monde de l’Art Contemporain et de la photographie, ses relations sont parfois plus politiques. Par exemple, pour la Une qui lui est dédiée par le magazine japonais Asahi Graph en 1974 et pour laquelle toute liberté lui est donnée, il choisit pour modèle Fusae Ichikawa, une pionnière de la lutte féministe au Japon et dans le monde, âgée qui plus est de 80 ans. On est loin des podiums des défilés. Il se rapproche d’ailleurs d’autres types de scènes. La danse l’a toujours passionné et c’est d’ailleurs celle-ci qui l’a conduit à concevoir et développer la fameuse ligne Pleats Please, dont les maîtres mots sont incontestablement fluidité, mouvement, légèreté. Loin de couper, coudre et ajuster sur un corps que l’on tente de remodeler, Miyake travaille aux antipodes de cette technique intimement liée à la haute couture. L’objectif premier est de faire retrouver au corps sa liberté. Ces vêtements sont de véritables secondes peaux et ne font qu’un avec qui les endosse. L’idée aurait germé lorsqu’il a pris part à un spectacle intitulé « The Loss of Small detail», avec le ballet de Francfort en 1991. La chorégraphie est moderne, la musique - composée par Thom Willems – conceptuelle. Les vêtements, conçus par Miyake, sont sculpturaux et magnifient la mise en scène. Mais il ne s’arrête pas là, ses envies de nouveaux horizons le conduisent aussi à penser les tenues officielles des athlètes lituaniens, pour les JO de Barcelone de 1992. Ce pays, tout juste indépendant de l’URSS (sa collaboration était-elle aussi un message de soutien politique?), ne manquera pas de se faire remarquer et Miyake portera son concept bien particulier jusque sur les podiums parisiens en 1993, imaginant des uniformes pour d’autres pays. Ce sont les débuts de Pleats Please.
Miyake a d'abord conçu le vêtement à partir d’un fil de polyester luxueux et léger habituellement réservé aux doublures, spécialement développé pour l’occasion, l’a cousu, puis a plissé la forme finie dans une presse à chaud, couverte de papier. Le tout, à la main. La méthode conventionnelle est à l'inverse de plisser le tissu, puis le couper selon le dessin. Cette technique, vaut au vêtement de devoir être élaboré – dit-on – dans des proportions deux fois et demie plus grandes lors de sa conception, avant plissage. Le vêtement Pleats Please possède une ligne généralement tubulaire libérée des accents habituels sur telle ou telle partie du corps. Ils migrent parfois même ailleurs. Simple et élémentaire, il est coupé à plat ; c’est un véritable vêtement bidimensionnel. Qui le porte lui donne corps et vie et intègre donc le processus créatif du vêtement. Des robes triangulaires, des robes tubes aux cardigans aux épaules accentuées de manière non conventionnelle, des chemises, des pantalons et jupes élastiqués, tout y passe, tout devient architectural. La forme et la texture en « ressort » permettent toutes les fantaisies, autant au niveau du vêtement qu’au niveau du tissu lui-même, dont le plissé se fait tantôt horizontal, tantôt vertical, tantôt en dents de scie… Les couleurs les plus variées et les imprimés les plus fous se développent aussi. C’est un succès rapide. C’est beau (le mot prend tout son sens), c’est efficace, c’est le plus fonctionnel des vêtements. Ces pièces sont une seconde peau, prennent peu de place, ne se froissent pas, ne se repassent pas, se lavent normalement en machine et sèchent en un clin d’œil… Tout a été pensé, tout conduit quand on les porte à briller.
Une autre ligne notable, outre ses « premières » lignes pour femme et homme et Pleats Please, alliant respect de la tradition et expérimentation technologique, est la ligne A-POC : « A piece of Cloth » («un morceau de tissu»). Le concept révolutionnaire, présenté à Paris au défilé printemps-été 1999, est de partir d’un long rouleau de tissu filé à partir duquel on peut couper, sans gaspiller aucun morceau de matériau, une variété de vêtements. Il offre même parfois au client final la possibilité de le faire lui-même, en fonction de son style, de son goût et de ses exigences. On découpe en suivant les pointillés un pantalon, une robe, une jupe, un bonnet, un sac, une culotte, des chaussettes, etc. Pas de gâchis de tissu, ni de problèmes de stockage, l’environnement est sauf. Et ce « DIY » est ludique!
L’environnement, d’un point de vue social et écologique, a d’ailleurs toujours été central pour lui, même en des temps où le monde de la mode en était bien loin. La ligne Plantation, lancée en 1981, en est la preuve. Il voulait, par cette ligne « bis », se concentrer sur la création de vêtements de tous les jours adaptés aux besoins quotidiens des gens, extrêmement confortables et soucieux de l’environnement, à l’époque où les robes moulantes, les épaulettes carrées exagérées, les talons hauts ou le lycra font fureur sur les podiums. Il utilise son savoir-faire luxueux, à la fois technologique et artisanal, sa connaissance des matériaux naturels tels que le coton, le lin et la laine, mais aussi des teintures naturelles pour confectionner de véritables pépites, qui ne rougiraient pas face à la mode oversize japonaise ou coréenne contemporaine. Toutes les pièces issues de cette collection sont tout à fait actuelles aujourd’hui et feraient beaucoup de jaloux: robes amples, pantalons volumineux, manteaux flottants… Un régal! Même si la ligne Plantation n'a pas duré longtemps, son aura continue de bercer les autres lignes d'Issey Miyake aujourd'hui (et pas que), notamment dans la ligne HaaT.
En 1999, son ami Kenzo Takada prend sa retraite pour se consacrer à sa passion pour l'art. Issey Miyake quitte lui aussi (en partie) le monde de la mode et confie les clés créatives de sa maison à Naoki Takizawa, qui avait pris une part importante dans la création de la ligne Plantation ou Issey Miyake Men en 1993, pour se concentrer sur la recherche. Nombre d'anciens assistants de renom, comme Yoshiki Hishinuma et Zucca (Akira Onozuka), continuent d’insuffler cette philosophie si particulière qui est la sienne. Sa dernière passe d’armes fût en 2013, lorsque, travaillant avec son Reality Lab, il lança Homme Plissé, la version masculine tant attendue de Pleats Please. Il s’était rendu compte que beaucoup d’hommes voulaient vivre dans le pli et achetaient Pleats Please. Ce sont maintenant les femmes qui achètent majoritairement Homme Plissé… La « genderfluidity » à la japonaise dans toute sa splendeur.
Campagne ISSEY MIYAKE Homme Plissé Automne/Hiver 2017
Comment ne pas parler d’Issey Miyake si l’on parle de la Mode avec un grand M? Sa contribution est majeure, son influence est certaine. Le concept fondateur d'Issey Miyake de la beauté réside au fond dans la parfaite imperfection, l’inachevé parfaitement fini et dans le négligé parfaitement construit. Sa philosophie raisonne toujours avec force et écho au sein de sa maison, où il ne participe plus qu’à la recherche technologique qui l’a toujours passionné, et partout ailleurs. L’esthétique occidentale a changé avec lui, il l’a renversée, déconstruite, et loin d’être condamné par ses pairs, il n’a pu être qu’applaudi. Issey Miyake a dit: «Je ne crée pas une esthétique à la mode ... Je crée un style basé sur la vie. ».
Ainsi soit Issey.
Il laisse ses pièces parler pour lui, ou plus exactement ce « ma », abordé plus haut, qu’il maîtrise comme personne, mais voici quelques citations de sa propre bouche, qui résument bien sa philosophie avant-gardiste:
« Mon regard se porte toujours vers le futur, jamais vers le passé. J’ai la conviction profonde que le bonheur et la joie résident dans cette perspective positive. »
« Dès le début, j'ai pensé à travailler avec le corps en mouvement, l'espace entre le corps et les vêtements. Je voulais que les vêtements bougent quand les gens bougeaient. Les vêtements sont aussi faits pour que les gens dansent ou rient. J'aime beaucoup la danse et les danseurs. »
« Toutes mes recherches ont toujours été centrées sur le mouvement et la liberté permise par le vêtement. La personne qui le porte lui confère sa dimension finale. »
« Le design, ce n'est pas pour faire de la philosophie, c'est pour la vie. »
« A-POC respecte le juste équilibre entre la valeur de la main de l’Homme, que l'on peut qualifier de savoir-faire artisanal, et les capacités de la technologie. J'aime bien l’envisager comme de la poésie et de la technologie. ».
« La beauté est comme un coucher de soleil: elle disparaît dès que vous essayez de la capturer. La beauté que vous aimez est précisément celle qui vous échappe. »
Défilé ISSEY MIYAKE Homme Plissé Printemps/Eté 2020 (Paris)